Historisches Archiv der Region Biel, Seeland und Berner Jura

Avant la première correction des eaux du Jura: le Seeland en 1850

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Avant la première correction des eaux du Jura: le Seeland en 1850

Dans ses écrits, Johann Rudolf Schneider, le "sauveteur du Seeland", parle de notre région en ces termes: "Quelle triste vision, quel terrible spectacle que cette immense surface de terres fertiles et de ses fruits noyée sous des mètres d’eau! La catastrophe est gigantesque. Tout est perdu. Complètement perdus les fruits du dur labeur de cette population si travailleuse. Les trois lacs de Morat, de Neuchâtel et de Bienne ne semblent plus former qu’une seule et même grande nappe d’eau. Le Landeron et Nidau ne semblent plus former que deux petites îles au milieu de cette étendue. Un voyageur m’a raconté aujourd’hui que la Broye et l’Orbe avaient également débordés, que les marais de Chablais, d’Orbe et d’Yverdon étaient aussi inondées. Terrible aussi le spectacle, hier, lorsque la plaine entre le Jensberg et Soleure était inondée par l’Aar, qui s’est grâce à Dieu un peu retirée depuis.

Dans la nuit d’avant-hier, l’Aare est montée avec une rapidité aussi incroyable qu’inattendue et a emporté sur son parcours les traverses, les berges et les digues construites avec tant de peine. Les dégâts sont très importants, en particulier en aval de Kappelen et jusqu’à Meienried. Lorsque je me suis réveillé, les vagues arrivaient à ma porte; chez d’autres, l’eau avait pénétré le logis et arrivait parfois jusqu’aux pieds du lit. Les villages de Schwadernau, Scheuren, Meienried, Reiben, Staad et Altreu étaient complètement recouverts par les flots. A Meienried, l’Aare est montée de 21 pieds 8 pouces au-dessus de son niveau le plus bas. Nos prés étaient presque tous fauchés, mais la pluie persistante a empêché de rentrer les foins et tout a été détruit par l’inondation. Un père de famille et un enfant ont perdu la vie dans cette catastrophe.

Les champs de blé sont recouverts de boue, de sable, de gravier; dans quelques jours, s’il fait beau et chaud, nous n’aurons plus un seul épi sain. Les pommes de terre sont perdues elles aussi, et dans les villages s’amoncellent les déchets charriés par les flots, les maisons sont devenues le refuge de toutes sortes d’insectes et autres vermines."



Autor: Johann Rudolf Schneider / Quelle: Archives Gassmann 2007
Format: 2005-12-16 00:00:00