Archives historiques de la région de Bienne, du Seeland et du Jura bernois
La restauration et l'opposition libérale et radicale
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La fin de la période napoléonienne marquait en même temps la fin de cette phase de progrès et d'idées nouvelles, qui avait caractérisé la Confédération après 1798: des formes d'avant la révolution avaient de nouveau cours. De nouveau des patriciens reprenaient les rênes du pouvoir dans le canton de Berne et dans la ville; ce fut l'époque de la réaction. Une époque marquée par les contradictions: d'un côté on rétablissait sur la scène politique les conditions du passé, d'avant la révolution - d'un autre côté, cette ancienne élite, après avoir repris le pouvoir, ne voulait pas faire entrave aux changements au niveau économique (industrialisation croissante, suppression des corporations) qui se frayaient un chemin, ou même les retenir.
C'est dans ce contexte que commença à se former dans les années 1820 une opposition libérale à cette oligarchie patricienne en place, réactionnaire. Ce furent de préférence des industriels et des juristes qui formèrent cette opposition; la plupart venaient des petites villes du Canton, comme Berthoud, Bienne, Thoune et Porrentruy. Des industriels qui, économiquement et du point de vue formation constituaient une classe supérieure - pourtant l'accès aux fonctions d'Etat, rémunérées, leur demeurait fermé; celles-ci étant détenues par les familles patriciennes.
L'Etat que les libéraux voulaient favoriser devrait moins se baser sur la propriété foncière que sur le commerce et l'industrie. Un des représentants de ce mouvement d'opposition fut Eduard Blösch (1807-1866). Son frère aussi, Cäsar Adolf Blösch (1804-1863) prit part à l'ascension du mouvement; en compagnie de Charles Neuhaus et d'Emanuel Schwab, ils discutaient ces idées du libéralisme en politique. Lorsq' Edouard Blösch entra dans la famille Schnell, de Berthoud, par son mariage, le lien entre les cercles révolutionnaires de Berthoud et Bienne fut alors parfait.
En 1831 se produisit alors à Berne un renversement, venu des libéraux. Le gouvernement bernois, patricien, dut alors faire marche arrière. Le Grand Conseil installa un Conseil constitutionnel: Charles Neuhaus y était représenté. Le but principal des libéraux: améliorer les conditions d'existence de l'artisanat et du commerce. A leurs yeux, intervenir directement dans l'économie, ou même prendre des mesures d'encouragement économique, ne constituaient pas une tache de l'Etat. Les libéraux, cependant, voulaient bien créer certaines conditions permettant un développement prospère de l'Etat. Ils se concentrèrent alors sur deux domaines: la création d'un système global de formation, ainsi que la construction de routes.
Les changements économiques de l'époque firent surgir aussi un nombre élevé de pauvres - des mesures de création d'emplois auraient été urgentes et nécessaires. Pourtant les ultras-libéraux refusèrent toute intervention de l'état dans l'économie ("laissez-faire du capitalisme", "état gardien").
C'est précisément sur ce point que se firent les critiques venant des milieux radicaux: ils réclamaient un Etat qui encouragerait le bien-être économique et le mieux-être social pour chacun, selon les possibilités, comprenant ainsi l'attitude républicaine dans un sens à la fois plus radical et plus général que les libéraux. Des réfugiés politiques venus d'Allemagne constituèrent, surtout à ses débuts, le support de ce mouvement: combattant pour la révolution libérale en Allemagne (mouvement du "Vormärz"), menacés dans leur corps et leur vie, ils quittaient leur patrie en direction de la Suisse. Parmi eux se trouvait Ernst Schüler, une personnalité qui allait jouer un rôle important à Bienne. D'une manière générale, bien des réfugiés politiques qui venaient des monarchies absolutistes aux frontières, furent accueillis à cette époque.
Dans les universités aussi, des radicaux enseignaient, par exemple Wilhelm Snell, à l'Université de Berne. Jakob Stämpfli, un de ses étudiants, en transmit les idées vers les campagnes. Il ne combattit pas seulement les conservateurs, mais aussi les libéraux, en particulier Charles Neuhaus, leur représentant le plus fort.
En 1845, de jeunes ultras, radicaux, sous la conduite d'Ulrich Ochsenbein, décidèrent de porter la lutte contre les catholiques conservateurs de Lucerne - bien que ce groupe de francs-tireurs ait pu être stoppé, la renommée d'Ochsenbein et de Stämpfli allait grandissant.
Les groupements d'ouvriers allemands et la Société du Grutli formaient à l'époque les plus importantes sociétés radicales. Il faut les considérer plus comme des clubs propices aux débats que comme des partis politiques. Alors que les groupements allemands d'ouvriers propagaient la voie de la révolution pour que se construise démocratiquement la république, la Société du Grutli misait sur la voie réformiste.
Jakob Stämpfli fonda en 1844-45 le "Volksverein", dans lequel les radicaux se formaient à la politique et nouaient leurs alliances. Bientôt ils gagnèrent beaucoup en importance, rejetant les anciens libéraux des fonctions officielles. En 1846, ils obtenaient par la force une réforme de la constitution cantonale.
Sources: Kästli Tobias, "Die Vergangenheit der Zukunftsstadt. Arbeiterbewegung, Fortschritt und Krisen in Biel, 1815-1919", Berne, 1989, pp. 28-41
Auteur: Christoph Lörtscher / Source: Kaestli, Tobias: Die Vergangenheit der Zukunftsstadt 2010
Format: 2008-05-28 00:00:00